Stress, immunité, sommeil : comment l’activité sexuelle peut aider à traverser la crise

La santé mentale des Français est mise à rude épreuve pendant cette crise sanitaire avec une hausse significative des troubles anxieux et dépressifs. La sexologue Magali Croset-Calisto vient de publier l’ouvrage “Moins de stress grâce au sexe” aux éditions Albin Michel dans lequel elle partage ses conseils pour renouer avec le plaisir et utiliser le sexe comme outil contre le stress.

L’étude CoviPrev menée entre mars et novembre 2020 par Santé publique France a révélé une augmentation significative des troubles dépressifs et anxieux dont la prévalence a doublé entre fin septembre et novembre. Réalisé avant la pandémie, l’ouvrage de la sexologue Magali Croset-Calisto “Moins de stress grâce au sexe” aux éditions Albin Michel met en avant la sexualité comme outil pour lutter contre le stress.

– Pourquoi Docteur : Votre livre s’intitule “Moins de stress grâce au sexe”. Question inverse, est-ce que le stress influe sur le sexe ?

Magali Croset-Calisto : Oui et cette question est à l’origine de ce livre : pourquoi les patients qui viennent en consultation ont des problèmes au niveau de la sexualité ? C’est à cause de leur stress. J’ai écrit ce livre avant la pandémie mais depuis qu’elle est arrivée, il y a un effet décuplé du stress sur la santé et la sexualité. Le stress est partout et d’autant plus présent depuis la Covid. Ce qui m’intéresse, c’est de renverser la donne : non plus étudier les effets du stress sur la sexualité mais comment la sexualité permet de déstresser.

– Avez-vous senti un changement dans votre travail depuis le début de la pandémie ?

J’ai 50% de consultation en plus. Une étude de l’OFDT parue en septembre dernier a avancé qu’il y a 25% d’état dépressif en plus par rapport à janvier 2020. Ce chiffre date de septembre. Aujourd’hui, en février, je pense que l’on est à un haut niveau plus élevé avec les confinements, les couvre-feux. Ce que j’observe, c’est qu’il y a eu une évolution de l’accompagnement psychologique vers de la psychiatrie. Il y a eu un basculement dans des états beaucoup plus graves vers l’anxiété, la phobie et des troubles en tout genre.

– Comment la sexualité permet-elle de déstresser ?

Les effets du stress sur la sexualité sont pluriels. Il ne faut pas oublier que le stress est au départ positif. Il nous permet de réagir à une agression. Il devient négatif s’il dure trop longtemps ou s’il est trop intense. Ses effets sont cardiovasculaires, il entraîne des troubles musculo-squelettiques, un déficit immunitaire, des burnouts, des fatigues généralisées, des insomnies et des addictions. Là où la sexualité va permettre d’inverser la tendance, si celle-ci est vécue dans un bien-être et un épanouissement, c’est qu’elle va venir booster les facultés mentales, améliorer la concentration et permettre un lâcher-prise quand elle est bien vécue. Elle va permettre de renforcer le système cardio-vasculaire et réduire les risques d’AVC. Une étude menée en Pennsylvanie il y a quelques années a montré comment les personnes qui ont au moins 2 rapports par semaines diminuent de moitié les risques cardiaques et d’AVC.

On voit aussi que la sexualité renforce le système immunitaire. Ce qui est positif par rapport au virus puisqu’elle augmente les taux d’anticorps dans l’organisme. C’est également un antidépresseur naturel. Ces phénomènes s’expliquent d’un point de vue neurobiologique par une hausse de dopamine pendant l’acte, d’endorphine et de testostérone, chez la femme y compris. Ce sont trois neurotransmetteurs qui favorisent le tonus, le bien-être et l’énergie. La hausse de ces molécules fait également baisser le taux de cortisone qui est l’hormone du stress.

Autre point positif, la sexualité améliore le sommeil. Ça n’est pas pour rien que l’on parle de petite mort après orgasme parce qu’elle augmente le taux d’endorphine qui favorise l’endormissement, notamment chez l’homme. Elle a également une fonction anti-âge parce qu’elle permet aux cellules de se régénérer plus vite grâce aux ocytocines, les hormones de l’attachement. Elle va aussi renforcer les muscles du périnée et ainsi éviter les incontinences.

– Ces bienfaits peuvent-ils conduire à prescrire médicalement du sexe ?

Cela revient à se demander si la sexualité devient un outil. Ça pourrait, comme c’est le cas avec le sport aujourd’hui. Je mets un bémol parce que la sexualité c’est aussi une affaire d’amour donc ça ne se commande pas. J’insiste sur le consentement et le bien-être. Il ne faut pas se forcer.

– La sexualité solitaire apporte-t-elle les mêmes bienfaits que la sexualité à plusieurs ?

La différence avec le sexe en solo c’est l’ocytocine qui vient des câlins et de l’attention de l’autre. La sexualité avec un partenaire sera plus complète que la sexualité masturbatoire. Le peau-à-peau permet de favoriser la structuration somatosensoriel du cerveau et va optimiser le développement cognitif, comme l’a théorisé le psychanalyste Donald Winnicott. Cela signifie que l’on réfléchit plus et mieux lorsque l’on partage des expériences sensorielles avec quelqu’un. On développe une confiance en soi et en l’autre plus importante, ainsi que des relations plus globales et on améliore notre adaptabilité sociale. On voit que la sexualité solidaire permet d’accéder à d’autres choses. En solo, elle n’offre que quelque chose de technique, pratique, physiologique. Le langage du toucher est fondamental. On le voit en période de pandémie. Les personnes souffrent parce qu’elles se sentent isolées et n’ont plus le contact humain. C’est là que l’anxiété est criante.

– Y a-t-il une manière de pratiquer le sexe qui favorise le déstresse ?

Il y a plusieurs possibilités. Il faut éviter de tomber dans les modes de l’injonction à l’orgasme. Ce qui est important, c’est de prendre du plaisir quel que soit la nature de l’expérience sexuelle. Le but n’est pas l’orgasme mais le chemin du plaisir. La pénétration n’est pas forcément le but d’une relation sexuelle. Ça peut être uniquement des caresses, des préliminaires, du slow-sex, du tantrisme.

– L’orgasme contribue, comme vous l’avez développé plus haut, à libérer des hormones qui sont bénéfiques. Comment peut-on obtenir ces bienfaits sans l’orgasme ?

On peut jouir de différentes manières. J’ai écrit tout un chapitre sur les orgasmes dans le livre. Il y a des orgasmes produits par la musique et d’ailleurs une équipe de recherche à Besançon travaille là-dessus. J’ai également étudié l’orgasme culinaire. On voit que les différents stades de l’orgasme peuvent être produit par autre chose que la sexualité, une autre forme de plaisir et le cerveau va envoyer les mêmes hormones que pour l’orgasme sexuel. C’est ce qu’on appelle la sublimation en psychanalyse. On peut trouver du plaisir libératoire comme une décharge sexuelle dans d’autres domaines que la sexualité. J’ai suivi des grands sportifs qui font du trail et ils ont eux aussi ces mêmes bienfaits. Des grandes découvertes intellectuelles peuvent aussi fonctionner. Victor Hugo a d’ailleurs écrit là-dessus. Le cerveau produit et enclenche les mêmes effets au niveau neurobiologiques.

L’IFOP a publié le 9 décembre dernier un sondage qui a révélé une amélioration de l’activité et de l’épanouissement sexuelle pendant le deuxième confinement. À quoi est-ce dû ?

C’est dû au premier confinement qui était risqué pour tous les couples. Certains se sont rapprochés et découverts. Il y a eu une prise de confiance, un renforcement de la confiance. Le 2e confinement a permis de mettre en pratique cette prise de conscience initiale. J’y mets un bémol parce que ces confinements ont aussi conduit à une augmentation de la violence.

– Quelles pourraient-être les conséquences d’un troisième confinement ?

Je suis plus pessimiste. Les gens en ont marre, ils sont sous tension et veulent sortir de tout ça. Il y a une impatience et une irritabilité. Un troisième confinement produira surement d’autres effets. D’où l’intérêt de se servir de la sexualité comme outil pour déstresser.

– Comment faire pour les célibataires qui se retrouvent dans une période très compliquée ? 

On assiste à un grand boom de tout ce qui est virtuel, des sites de rencontre qui ont vu leur connexion tripler depuis quelques mois. J’appelle cela l’extinité : l’intimité et la sexualité présentées et vécues via des écrans. Ça s’est beaucoup développé pendant les confinements et les couvre-feux. Les personnes ont des relations et rapports par écrans interposés. Cette sexualité est à l’entre-deux. C’est autre chose. Les écrans ne font pas écran, ils permettent une interaction psychique grâce au visuel. Elle va permettre d’activer les zones cérébrales et les neurotransmetteurs comme un rapport traditionnel. La différence est qu’il n’y a pas de peau-à-peu.  C’est entre l’activité masturbatoire seule et l’activité vécue en couple en présence. C’est un entre-deux. C’est assez nouveau parce qu’on n’avait pas vu ça à cette échelle et on va voir ce que cela va induire sur la sexualité des couples.

– Qu’en est-il des personnes qui n’ont plus de sexualité ?

Cela peut tenir de l’asexualité qui concerne environ 1,5% de la population. Il y a également les personnes qui subissent le fait de ne pas avoir de relation. Je les renvoie vers du toucher, des massages parce que le peau-à-peau est essentiel même si ce n’est pas facile avec la pandémie. Il faut trouver des moyens de transférer vers d’autres plaisirs comme la musique, le sport, la gastronomie, la méditation, la cohérence cardiaque. Il y a un étayage possible.

 

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